Lettre ouverte au Conseil œcuménique des Églises (COE), 1er octobre 2016, Genève
Un dévot pro-putschiste au COE !
A propos de la venue à Genève du professeur Ahmed
al-Tayeb
Mesdames, Messieurs,
C’est avec stupeur et étonnement que nous avons appris
que le COE accueille aujourd’hui Monsieur Ahmed al-Tayeb à Genève, invité pour
tenir une conférence sur la paix.
Ignorez-vous, Mesdames et Messieurs, que cet homme est
le partisan d’al-Sissi, un militaire qui a usurpé dans le sang le pouvoir en
Egypte ?
« Sur le plan politique, Ahmed al-Tayeb était
membre du Parti national démocratique, le parti au pouvoir sous la dictature de
Moubarak. Il fut même membre du Haut Comité des politiques, dirigé par Gamal
Moubarak, le fils du président déchu et ex-futur dauphin. »[1]
Il a reconnu le gouvernement du président Morsi, élu
légitimement, mais il a trahi le processus démocratique en prenant le parti des
putschistes.
Plus grave encore, il a soutenu un régime coupable de
crime contre l’humanité.
Abdel Fattah al-Sissi a réprimé avec une violence
inouïe les manifestations qui se sont soulevées dans tout le pays, et
particulièrement le sit-in de la place Rabaa, où des civils sans armes ont été
massacrés. Il a encouragé militaires et policiers à tirer sur les foules, en
faisant comprendre que ces actes ne seraient en aucun cas poursuivis.
Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer la
condamnation de ce dictateur qui s’est imposé par les armes, dont celle de
Human Rights Watch (HRW). L’organisation parle clairement de crime contre
l’humanité. Le dimanche 10 août dernier, les militaires refusaient à Kenneth
Roth, le directeur exécutif de HRW, ainsi qu’à Sarah Leah Whitson, sa
directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord, l’entrée en Egypte pour y remettre
un rapport sur le massacre perpétré à Rabaa al-Adawiya le 14 août 2013. Tout
montre dans ce dossier que les autorités ont programmé un véritable massacre. «
Sur la place Rabaa, l’Egypte a perpétré une des plus grandes tueries de
manifestants en une seule journée de l’histoire récente», affirme Kenneth
Roth.
« Il ne s’agit pas, dit-il encore, d’un
recours excessif à la force, mais d’une répression violente et planifiée au
plus haut niveau du gouvernement égyptien ! »
La Suisse est dépositaire des Conventions de Genève
assurant la protection des civils. Al-Sissi est aujourd’hui clairement désigné
comme un dictateur responsable de crimes contre son propre peuple.[2]
Or, Ahmed al-Tayeb a soutenu ce régime militaire dans
chacune de ses phases comprenant une multitude d’exactions allant du meurtre à
la torture en passant par l’incarcération et l’emprisonnement de 60000
(soixante mille) opposants qui croupissent dans les prisons pour avoir réclamé
que le choix des urnes soit respecté !)
Et c’est cet homme que vous invitez à Genève pour
parler de paix ?
Si cette manifestation devait avoir lieu aujourd’hui,
sachez qu’elle salira pour longtemps le COE.
Hani Ramadan
Documentation :
Egypt’s
violation of Human Rights
Lettre d’un Egyptien
chrétien au Président Morsi
Incarcération du Copte Rami Jean
Ce régime a envoyé des femmes en prison
Le massacre de Rabaa vu de Londres
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