Parce que le
vrai luxe, c’est d’être soi-même.
Ça touche tout le monde, la dépression – Par Emma Salammbô De Gerra
La dépression
semble pour tous un terme fictif, une infection dont seuls les êtres qui y
sont susceptibles en succombent. Pourtant, autour de nous, les gens
tombent comme des mouches, s’inclinant sous les effets dévastateurs d’une vraie
maladie, d’une maladie très grave.
Jonathan, grand
travaillant et passionné de sport, vit mal le décès de son père. Diagnostiqué
pour extrême fatigue et dépression, il a dû prendre un temps de repos pour se
soigner. Au fil des mois, il a su lutter contre les commentaires déplacés, les
regards croches et les jugements des gens insouciants. Si ce n’avait été que de
lui, Jonathan s’en serait sorti beaucoup plus rapidement.
Combien
sont-ils – sommes-nous – à user des antidépresseurs, charmeurs de cœur, comme
des Tylenol ou des Advil, guérisseurs de maux de tête? Combien de psychiatres,
de psychologues et de pharmaciens se nourrissent chaque année des profits
qu’amène la dépression aux hôpitaux et aux centres psychiatriques? Quel
pourcentage de la population consulte, ou bien a déjà consulté?
Je ne serais
sûrement pas la seule surprise de connaître ces pourcentages ahurissants.
Autour de nous, beaucoup plus de gens qu’on ne le croit et le juge (voisins,
amis, collègues, parents ou amoureux) tentent de relever la tête et de se
sortir de l’eau pour retrouver une vraie liberté. Ils cherchent cette liberté
que la dépression égare chez eux; celle de pouvoir contrôler leurs propres
états d’âme et d’en décider.
Certains sont
plus prompts à souffrir de dépression, mais, pourtant, de grands et ingénieux
personnages en ont souffert. Étaient-ils moins forts, moins malins et
malheureux de nature? Se sont-ils fait prendre à leur propre jeu et ont
souffert parce qu’ils étaient mauvais à la base? Avaient-ils une vie trop aisée
et n’ont pas su faire face aux dangers autour d’eux? Il me semble simplement
que la dépression s’attaque aux gens comme un vieux rhume : c’est dans nos
éphémères moments de faiblesse qu’un vieux virus, toujours combattu auparavant,
peut s’abattre sur nous.
Je ne vous
apprendrai rien en affirmant que l’humain est fragile. Qu’un simple geste au
loin dans la rue, d’un homme moqueur, peut affecter l’humeur d’une gentille
personne pour la journée. Qu’apprendre le décès, la maladie ou la séparation de
ses parents déclenche la reconstruction totale d’un sain équilibre de vie.
Qu’il nous arrive de perdre nos horizons lorsqu’on s’éloigne de nos origines.
Que d’être volé provoque un courant frisquet dans le dos, l’un de ceux qui
altère à la possession d’identité. Que de faire faillite ou d’échouer au
travail durant un quart de travail ou à l’école pendant une session, un
trimestre ou une année fait mal, et nous pose sur ce qui nous semble être le
dernier niveau d’une grande échelle hiérarchique.
Si nous ne
réagissons pas tous également à ces évènements qui affectent notre délicate
humeur, une chaîne de ceux-ci peut s’avérer problématique. Nous courons tous
différemment le risque de souffrir de dépression un jour ou l’autre, que nous
soyons malades ou que nous accompagnions l’un de ceux qui en souffrent.
Pourtant, la dépression est une maladie incomprise par une grande majorité de
la population, et cette incompréhension est ce qui rend si difficile pour les
malades de s’en sortir.
Consulter?
Parfois on est encouragé par nos proches à le faire, parce que ceux-ci
n’arrivent pas à nous consoler ou à nous rassurer. Mais parfois, se rendre chez
le médecin pour « être soigné d’une dépression » n’est pas suffisant.
C’est le genre de consultation qui nous fait replonger dans un pénible courant.
Je peux
comprendre qu’il soit laborieux pour certaines personnes de tendre la main. Il
leur faut savoir équilibrer la sensibilité, la fermeté, l’encouragement,
l’amour, la sagesse, la délicatesse et l’humour. Par contre, c’est cette
compassion qui nous rend généreux. Cessons donc de considérer les
professionnels comme les seuls qui peuvent aider nos amis. Soyons celui qui
tend la main avec un grand sourire. On ne sait jamais. Ça pourrait être nous
les prochains. On ne sait jamais. On pourrait tout aussi sauver bien des âmes,
parce qu’on mérite tous le bonheur.
Ça touche tout le monde, la dépression
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